Statu-quo dans le dossier du bisphénol A. Le composé chimique utilisé dans la fabrication de plastiques alimentaires ne présente pas de risques pour la santé, assure jeudi l'agence européenne pour la sécurité des aliments (AESA). N'ayant pas identifié de nouvelle preuve démontrant la toxicité du bisphénol A, les scientifiques du groupe sur les matériaux en contact avec les aliments estiment qu'ils n'y avaient pas lieu de modifier l'avis favorable rendu en 2006 et confirmé en 2008 par l'AESA. Par conséquent, la dose journalière tolérable fixée par l'Aea reste à 0,05 mg/kg de poids corporel. La Commission européenne avait demandé une nouvelle évaluation scientifique au regard de 800 nouvelles études aux conclusions parfois contradictoires sur ce composé chimique utilisé dans la fabrication de biberons, d'amalgames dentaires, de bombonnes d'eau rechargeable, de bouteilles en plastique, de conserves et d'emballages alimentaires. L'avis de l'AESA doit permettre à l'UE de prendre une décision, car deux de ses pays membres, la France (en juin) et le Danemark, ont décidé unilatéralement d'interdire la fabrication et la commercialisation de biberons contenant du bisphénol A (BPA). L'interdiction au Danemark concerne même tous les produits contenant du BPA utilisé pour l'alimentation des enfants de 0 à 3 ans. Risques de puberté précoce La toxicité du bisphénol A, qui est aussi interdit au Canada, en Australie et dans plusieurs Etats américains, fait polémique. Cette substance chimique A a en effet la capacité de migrer du plastique vers les aliments, notamment lorsque les récipients sont chauffés. Or, le bisphénol A se comporte comme un œstrogène et risque d'affecter le système hormonal. Il est soupçonné d'augmenter les risques de puberté précoce, de cancer de la prostate ou du sein et d'anomalies de reproduction. De tels effets ont été observés sur des rongeurs en laboratoire. Le bisphénol A est classé en tant que reprotoxique de catégorie 3, autrement dit «préoccupante pour la fertilité humaine». Mais ces risques n'ont pas été démontrés chez l'homme. En revanche, plusieurs types de publications ont été menés sur l'animal. «Il y a deux grandes études qui suivent les bonnes pratiques de laboratoires établies par l'OCDE. Elles concluent qu'il n'y a pas de risque à faible dose. Il y a par ailleurs différentes recherches académiques qui au contraire laissent penser à des effets indésirables», rappelait Rémy Slama, épidémiologiste environnemental à l'Inserm au Figaro, en juin. Une enquête américaine, publiée en janvier, a montré que le bisphénol A reste beaucoup plus longtemps dans l'organisme que ce qui était reconnu jusqu'à présent. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) relevait elle, dans des expérimentations sur le rat, des «troubles du comportement[...] après une exposition in utero et postnatale à des doses très faibles, inférieures à la dose journalière tolérable. D'autres tests, toujours conduits sur des rats, avaient démontré la toxicité du bisphénol A sur la paroi des intestins. "Le Figaro" du 30 septembre 2010