Les pays de la zone euro ont mis en place récemment un mécanisme d'examen réciproque de leurs situations économiques et de leur compétitivité, dans le but de mieux déceler d'éventuelles faiblesses. La France va être chargée au niveau européen d'évaluer la compétitivité de l'économie allemande, un exercice qui risque de susciter une attention toute particulière après les critiques exprimées par Paris à l'égard du modèle économique suivi par Berlin. Les pays de la zone euro ont mis en place récemment un mécanisme d'examen réciproque de leurs situations économiques et de leur compétitivité, dans le but de mieux déceler d'éventuelles faiblesses. Cet exercice d' «examen par ses pairs» (peer review) «consiste pour un pays à vérifier les engagements qui ont été pris (par un autre), les plus, les moins, les manques, et à apprécier ce qui pourrait être amélioré dans la situation du pays en question», a expliqué à Bruxelles la ministre française des Finances, Christine Lagarde, en marge d'une réunion avec ses homologues de la zone euro. Dans ce cadre, l'Espagne a déjà profité des conseils de l'Allemagne et la Finlande de ceux de l'Irlande. Et de nouveaux examens sont à présent programmés. «Je suis désignée pour revoir la situation de l'Allemagne, ce sera au mois d'octobre», a souligné Christine Lagarde. Au printemps, la ministre française de l'Economie avait suscité une certaine irritation à Berlin en critiquant le modèle économique de l'Allemagne, un peu trop égoïste à son goût. Elle l'avait jugé trop tourné vers les exportations de produits rendus compétitifs par la rigueur salariale, et achetés notamment par ses partenaires de l'UE, et pas assez vers le soutien à la consommation intérieure, dont pourraient aussi profiter les voisins de l'Allemagne. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a réagi avec humour à la désignation de la France pour se pencher sur le cas de son pays. «Je m'en réjouis. Vous allez voir, cela se passera en parfaite harmonie», a-t-il dit à Bruxelles mardi. «Lorsqu'on est trop performant en matière de compétitivité il est possible qu'on puisse être critiqué par les autres», a-t-il ajouté, mais «il y a de nombreux points sur lesquels on peut apprendre les uns des autres». «Moins on se montre arrogant en menant un tel débat, plus on peut en profiter», a encore estimé le ministre. "Le Figaro" du 13 juillet 2010